Huchaï et Achitophel
« Huschaï, ami de David, retourna donc à la ville. Et Absalom entra dans Jérusalem » - 2 Samuel 15 :37
Cet épisode nous parle d’une situation extrêmement difficile pour le roi David, obligé de partir avec les siens de Jérusalem, chassé de son trône par son propre fils Absalom. Par la suite, après une dure bataille, David retrouvera son trône et Israël et Juda seront à nouveau réunis sous sa bannière. Il y a dans ce passage un aspect prophétique indéniable.
Nous pouvons voir le parallèle avec l’actualité et les moments terribles à venir, lorsque Israël sera séduit par un « Absalom » prenant le trône, entraînant avec lui une majeure partie
du peuple. Cet Absalom s’assiéra sur le trône de David et souillera le Temple. La Bible dit que cet usurpateur sera vaincu, et qu’il cèdera la place au Roi des rois, retrouvant un trône
de gloire et un royaume au milieu de son peuple, pour régner sur l’Humanité entière. Ce sera l’Avènement du Fils de David, le Roi des rois, devant établir le SHALOM, la paix sur la
terre.
Des hommes-clés pour les temps de la fin
Il est intéressant d’étudier dans ce passage biblique, le caractère de ces hommes qui s’engagent pour ou contre David. Parmi eux, mentionnons deux hommes
qui avaient un rôle important auprès du roi David à l’origine : « Achitophel était conseiller du roi ; Huschaï, l’Arkien, était ami du roi » - 1Chron.27:33. On dit
d’Achitophel qu’il était le plus avisé des conseillers de David : « Les conseils donnés en ce temps-là par Achitophel avaient autant d’autorité que si l’on avait consulté Dieu
lui-même » - 2Sa 16:23. Huchaï l’Arkien, lui, est décrit comme étant l’ami du roi. Avec d’autres, il sera fidèle jusqu’au bout, et il incarne ceux et celles qui sont avec Israël coûte
que coûte. Avec Huchaï, on verra d’autres héros issus des nations, notamment Ittaï de Gath, qui demeurera fidèle au roi.
Absalom et ACHITOPHEL
Bien que conseiller du roi, Achitophel choisit le camp d’Absalom et se positionne contre David. Le sens du nom Achitophel[1] signifie frère de la folie – lptyxa – a’hi-taphel, taphel voulant dire insensé, insipide[2]. Le mot désigne le sel sans saveur (Job 6 :6) ; il parle des visions vaines et fausses des prophètes (Lam.2 :14) ; et enfin des murailles que l’on couvre de plâtre : « Ces choses arriveront parce qu’ils égarent mon peuple, en disant : Paix ! quand il n’y a point de paix. Et mon peuple bâtit une muraille, Et eux, ils la couvrent de plâtre » - Eze 13:10.
N’est-ce pas ce que nous voyons aujourd’hui ? Cette paix illusoire dont le monde parle tant au Proche-Orient, entre Israéliens, Palestiniens
et les états arabes, voilà le mot qui est sur toutes les bouches de ceux qui dirigent le monde, de tous les intellectuels, philosophes et leaders politiques qui font pression sur l’Etat hébreu,
sur les Israéliens, afin qu’ils fassent la paix « à tout prix », notamment celui de renoncer à leur idéal sioniste. Voilà l’esprit d’Achitophel aujourd’hui. Il s’oppose à l’esprit de
David, qui demeure fidèle à sa foi, à la Torah et aux commandements de l’Eternel.
Ce que le monde trouve beau, intelligent et séduisant, D.ieu le déclare insensé et stupide. L’Absalom (= père de la paix - Mwlvba) de demain viendra avec ruse pour diviser Israël et entraîner l’adhésion des nations,
de l’ONU et de l’Union européenne. La Bible parle de ce temps de séduction et d’apostasie. Jean dans le livre de l’Apocalypse en parle (Apo.13 :1-7) :
« Puis je vis monter de la mer une bête … Le dragon lui donna sa puissance, son trône, et une grande autorité… Remplie d’admiration, la terre entière suivit la bête. Et ils adorèrent le dragon, parce qu’il avait donné l’autorité à la bête ; ils adorèrent la bête, disant : Qui est semblable à la bête, et qui peut combattre contre elle ?... Il lui fut donné le pouvoir d’agir pendant 42 mois.
Elle proféra des blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, son tabernacle, et ceux qui habitent dans le ciel. Il lui fut donné de faire la guerre aux saints, et de les vaincre. Il lui fut donné autorité sur toute tribu, tout peuple, toute langue, et toute nation »
« Un temps qui sera la fin… »
Le prophète Daniel avait déjà eu la vision de ce temps d’apostasie avec la venue du Séducteur – Daniel 8 :1-14 :
« La troisième année du règne du roi Belschatsar, moi, Daniel, j’eus une vision… une petite corne tendait vers le midi, vers l’orient et vers le plus beau des pays (Israël). Elle s’éleva jusqu’à l’armée des cieux, elle fit tomber à terre une partie de cette armée et des étoiles, et elle les foula.
Elle s’éleva jusqu’au chef de l’armée, lui enleva le sacrifice perpétuel, et renversa le lieu de son sanctuaire. L’armée fut livrée avec le sacrifice perpétuel, à cause du péché[3] ; la corne jeta la vérité par terre, et réussit dans ses entreprises ».
Puis l’ange Gabriel explique la vision à Daniel, lui disant : « Sois attentif, fils de l’homme, car la vision concerne un temps qui sera la
fin » - Dan.8 :17. C’est un temps « marqué pour la fin ». Ces choses sont arrivées en Israël du temps d’Antiochus, en 162 av JC, mais ce sont aussi des temps de
la fin. Il est question de l’Homme impie (2Thess.2 :3, 8), du Dévastateur (Dan.9 :27 ; 12 :11, l’abomination du) que l’on retrouve dans plusieurs des visions de
Daniel. Il s’emploiera à séduire Israël et le monde mais sera vaincu.
Israël vivra alors des temps très difficiles. Comme le dit le prophète, « la force du peuple saint sera brisée » (Dan.12 :7), ce qui ne veut pas dire qu’Israël sera
anéanti[4]. Ce sera une époque de grande détresse pour Israël
(Dan.12 :1), mais « ceux qui seront trouvés inscrits dans le livre de vie seront sauvés ». Le peuple juif verra une grande délivrance – ce sera la
Ge’oula, la Rédemption messianique – au travers de la venue du Messie, du Roi des rois. L’apôtre Paul dit que « tout Israël sera sauvé » - Rom11 :26. Dans notre
texte, nous voyons le roi David revenir et donner sa bénédiction et son pardon même à ceux qui avaient rejoint le camp d’Absalom, Juda et Israël se retrouvant à nouveau sous une seule
bannière.
David et HUCHAÏ
a présent, intéressons-nous à ceux qui ont suivi David. Ce sont les proches de David, les hommes de Juda et des étrangers comme Ittaï de Gath disant : « L’Eternel est vivant et mon seigneur le roi est vivant ! au lieu où sera mon seigneur le roi, soit pour mourir, soit pour vivre, là aussi sera ton serviteur » - 2 Sam.15 :21. Cela ne nous rappelle-t-il pas les propos d’une autre étrangère, moabite ? Ittaï signifie « avec moi » (Gath parle du pressoir à vin). Comme Ruth et Huchaï, il s’agit d’étrangers s’associant à Israël, et nous pouvons discerner qu’ils représentent l’Eglise soutenant et défendant la nation de D.ieu.
Huchaï, l’espion au service du roi
‘Huchaï - yvwx = qui se hâte, qui
court. C’est comme si D.ieu disait : « Le plus petit deviendra un millier, et le moindre une nation puissante. Moi, l’Eternel, je hâterai ces choses en leur temps »
- Es.60:22. Il y a dans le sens de ‘Huchaï, une intention à l’urgence des temps messianiques. Il est l’antithèse d’Achitophel, l’homme sage selon le monde, trahissant son maître, le roi
David. Huchaï désigne le chrétien qui prend position aujourd’hui, comme Ittaï, pour Israël. D.ieu va utiliser des chrétiens pour soutenir sa nation, pour être de bons conseillers. Huchaï a
finalement réduit à néant les projets d’Achitophel qui conseillait Absalom de poursuivre David sans attendre et le tuer. David avait demandé à « son ami » Huchaï de rester à Jérusalem
et d’être « ses oreilles et ses yeux » dans la ville, pour contrecarrer les efforts d’Achitophel. Huchaï est devenu comme un espion, en se mettant au service d’Absalom.
Le relais trouvé pour transmettre les nouvelles avec les troupes de David se faisait par Jonathan et Achimaats, les fils de Tsadok et Abiathar (15 :36). C’est donc une
complicité avec les croyants juifs que nous devons avoir actuellement. Au contraire de la suspicion qui est souvent le caractère de nos relations, entre Juifs et chrétiens, l’heure est à une
collaboration saine et sainte, face à l’ennemi qui va se trouver aussi en Israël, dans le milieu de la gauche antisioniste. Israël va devoir faire face (fait face déjà) à des forces obscures
antisionistes, à des gens qui sont prêts à brader la terre, pour une paix illusoire.
Lorsqu’Achitophel voit qu’Absalom préfère écouter Huchaï sur la manière de poursuivre David, il comprend que la victoire échappera. Sachant alors que tout est fini, David ne pouvant lui pardonner
sa trahison, il rentre dans sa maison et se donne la mort. En tant que chrétien, on ne peut que faire le parallèle avec Judas qui trahit Jésus, son Maître et se pend. Il y a là un aspect
similaire étonnant : le roi David est le type du Messie, vendu par les siens. Il est poursuivi par son propre fils et les hommes d’Israël, afin de l’évincer de la royauté. La différence avec
Jésus est que David est responsable de son péché ayant entraîné la division au sein de la famille : « Pourquoi donc as-tu méprisé la parole de l’Eternel, en faisant ce qui est mal à
ses yeux ? Tu as frappé de l’épée Urie, le Héthien ; tu as pris sa femme pour en faire ta femme, et lui, tu l’as tué par l’épée des fils d’Ammon. Maintenant, l’épée ne s’éloignera
jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé… » - 2 Sam.12 :9-10
Huchaï l’Arkien
Huchaï est un homme venu de la ville d’Erek (Gen.10 :10), sur l’Euphrate. Erekh en hébreu - Kra – signifie
« long », du verbe arakh = allonger ses cordages. Spirituellement, il est question du croyant qui a « allongé ses cordages » d’amour envers D.ieu, envers le roi
David. Il est devenu « l’ami de David ». Nous sommes appelés à devenir des amis du peuple juif, d’Israël.
« Lorsque David fut arrivé au sommet, où il adora l’Eternel, voici, Huschaï, l’Arkien, vint au-devant de lui, la tunique déchirée et la tête
couverte de terre » - 2 Sam.15:32. C’était sur le Mont des Oliviers où se trouvait l’Arche à ce moment-là sans doute. David adorait le
Seigneur. Il venait d’apprendre l’ampleur de la conjuration, Achitophel ayant rejoint Absalom, et il priait : « Eternel, réduis à néant les conseils
d’Achitophel ! ». Survient Huchaï, le cœur déchiré, comme ses vêtements. David avait besoin de son ami.
Que disent les prophètes ? : « Qu’entre le portique et l’autel pleurent les sacrificateurs, serviteurs de l’Eternel, et qu’ils disent : Eternel, épargne ton peuple !
Ne livre pas ton héritage à l’opprobre, aux railleries des nations ! Pourquoi dirait-on parmi les peuples, où est leur Dieu ? L’Eternel est ému de jalousie pour son pays » -
Joël 2 :17-18.
Notre rôle de sacrificateur, serviteur de l’Eternel est là, lorsqu’il y a danger pour Israël : il s’agit de pleurer et de supplier D.ieu d’épargner le pays, car D.ieu est ému de jalousie
pour Israël. D.ieu a épargné David en réduisant à néant les conseils d’Achitophel. Il le fera aussi lorsque l’Antichrist, le Dévastateur, l’Homme impie fera son apparition, subjuguant les nations
et Israël. C’est à nous d’être des « amis de David », des Huchaï, ou des Ittaï, des Ruth…
Tsiba, le perfide serviteur de Mephibocheth
Il est un autre serviteur étranger, du nom de Tsiba (2 Sam.16). Celui-ci est le serviteur du fils de Saül, Mephibocheth, qui était boiteux des deux pieds,
sa nourrice l’ayant laissé tomber à la nouvelle de la mort du roi Saül et de Jonathan (2 Sam.4 :4). David avait fait du bien à Mephibocheth – il mangeait à la table du roi. Tsiba avait 15
fils et 20 serviteurs, et il avait été au service du roi Saül.
A David, il fit croire que Mephibochet était passé à l’ennemi. Tsiba agit par tromperie auprès du roi, pour tenter de récupérer tous les biens de Mephibocheth. En raisonnant prophétiquement, si
l’on considère Huchaï comme le chrétien qui défend David/Israël, nous avons en Tsiba l’image du chrétien qui désire profiter des biens des Juifs. Cela décrit en fait la théologie de
remplacement : l’Eglise a tenté de prendre la place d’Israël, en s’accaparant son héritage, son nom, et en méprisant son identité. Tsiba a méprisé Mephibochet en le calomniant, et a trompé
le roi David.
Tsiba - abyu – a pour sens : statue. Cela désigne le « chrétien
statufié », l’Eglise-institution. Contrairement à Huchaï qui a « rallongé ses cordages », Tsiba ne bouge pas, il reste sur ses acquis et agit servilement à des fins mercantiles.
Par la suite et par rapport à Mephibochet, David acceptera de reconsidérer sa situation (2 Sam.19 :24 ss). Mephibochet dira préférer rester avec David, cela lui suffisait. C’est un bel
exemple d’abnégation et de soumission.
L’amour de la vérité, celle de la Parole de
D.ieu
Les épîtres de Paul nous disent l’importance de faire de la Parole l’inspiration de notre vie. Elle doit demeurer le fondement de notre foi. En 2
Thess.2 :9, il est question de l’apparition de l’Impie. Il séduira le monde et nous sommes du monde. Donc, les chrétiens seront soumis à cette séduction. Ne présumons pas de nos forces et
soyons prêts à l’affronter. Paul dit que ceux qui seront séduits le seront « parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Aussi Dieu leur envoie-t-il une
puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge, » - 2 Thess.2 :10-11.
Les 66 livres qui composent la Parole de D.ieu constituent un manuel de vie pour nous. Le Seigneur nous
parle au travers de Sa Parole, étant Lui-même la Parole ! Et en sachant combien D.ieu est UN (e’had), nous croyons que Sa Parole est UNE, que Son alliance est UNE. Le destin d’Israël est en
effet lié à celui de l’Eglise. De ces deux peuples, Il n’en fera qu’un (Eph.2 :15), de la même façon qu’un homme et une femme sont appelés à n’être qu’une seule chair. Ayons l’amour de cette
vérité qui nous gardera de la séduction… de l’esprit d’Achitophel.
[1] Achitophel est peut-être le grand-père de Batsheba. Voir 2 Sam.11 :3 et 23 :34.
[2] Il est étonnant de voir qu’en hébreu, prière se dit tephila. Cela désigne sans doute la religion et les prières vaines…
[3] Le parallèle est fort : David et son armée ont été renversés, « à cause du péché », celui de l’adultère et du crime, avec Batsheba et Urie. D.ieu a pardonné à David, mais lui a dit que l’épée serait au sein de sa propre famille…
[4] Certains pensent qu’Israël vivra un autre génocide, non ! Dans ce passage, c’est la force d’Israël qui est brisée, ou épuisée. Et dans le passage qui nous occupe, David revient avec ses troupes épuisées mais vainqueurs. 2 Sam.18 :7 révèle qu’il y eut 20.000 morts chez les partisans d’Absalom. C’est effectivement énorme : 3 fois plus que les victimes de la guerre d’indépendance de 1948. Mais cela ne s’appelle pas un génocide…