Elisée le prophète

Publié le par Pasteur Gérald FRUHINSHOLZ

Voilà une parole exprimant foi et détermination que nous trouvons dans la bouche de deux personnages : Elisée le prophète et la femme de la ville de Shumen, que nous appelons dans nos Bibles « la Sunamite ».

« L’Eternel est vivant et ton âme est vivante ! Je ne te quitterai point ! » - 2 Rois 2 :4 et 4 :30

 

Elie et Elisée, les prophètes des rois d’Israël
Le passage du ministère du prophète Elie sur son disciple Elisée est un passage de grande importance. Elie (Eliyahou = mon Dieu est D.ieu) est le prophète par excellence, et il est le seul (avec Enoch) à ne pas mourir sur terre. Il est enlevé d’une manière exceptionnelle et grandiose, emporté sur un char dans un tourbillon de feu. Elisée (Eliysha = D.ieu est Sauveur) est si proche de son maître. Il est connu comme celui qui « versait de l’eau sur les mains d’Elie » (2 Rois 3 :11). Il est comme un humble disciple et comme un fils avec son père : « Elisée le vit, et s’écria : Mon père ! Mon père ! Char d’Israël et sa cavalerie ! ».

 
Dans ces deux prophètes, il y a le jugement et la grâce. On dit qu’Elie est le prophète qui a le pouvoir de fermer le ciel (1 Rois 17 :1 ; cp.Apo.11 :6) et qui juge les prophètes impies, faisant tomber le feu sur eux (1 Rois 18). Mais il ressuscite aussi le fils de la veuve de Sarepta (1 Rois 17 :17). Le peuple juif attend le retour d’Elie. Jésus a eu une longue conversation avec lui sur la montagne de la transfiguration, avec Moïse.

 
La différence avec Elisée, est que ce dernier a « une double onction ». Ses miracles sont plus nombreux, au double. C’est ce que le Seigneur a promis à ses disciples lorsqu’Il les a quittés en montant au ciel. Il leur a recommandé d’attendre « ce que le Père avait promis… vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous » - Actes 1 :4-8. L’Eglise, en tant que représentant de Christ et lorsqu’elle a été digne du Maître, a multiplié les œuvres de grâce, au travers du Saint-Esprit.

 

Une double onction
Le chrétien a besoin d’être revêtu du « manteau d’Elie ». Ce manteau est l’image du Saint-Esprit qui est tombé sur les disciples dans la Chambre haute en Actes 2. Nous devons saisir cette nouvelle dimension, recevoir « ce baptême », celui du Saint-Esprit, le saisir comme Elisée qui a ramassé le manteau d’Elie et en a frappé le Jourdain. Le Jourdain (yarden = qui descend) est l’image de la mort. Nous ne pouvons rien accomplir dans un ministère sans la puissance du Saint-Esprit. Les disciples ont été transformés par cette « double onction ». Pierre ayant renié trois fois son maître, est devenu un évangéliste puissant, et tous les disciples ont été remplis de foi, leur permettant de franchir toutes les épreuves et supporter les persécutions.

 
Ce qui est marquant notamment dans cet épisode du départ d’Elie au ciel, est la détermination du jeune disciple Elisée, qui suit son maître partout où il passe : à Guilgal, à Béthel, à Jéricho, et qui réclame finalement « une double onction » de la puissance d’Elie. Cela nous rappelle la détermination de Jacob affrontant l’ange de l’Eternel au gué de Yabbok (Gen.32 :26) : « Je ne te laisserai pas aller avant que tu ne m’aies béni ! ». Quelquefois, nous devons interpeller D.ieu de cette façon. D.ieu a aimé en Jacob sa détermination à saisir l’héritage, et à en vouloir plus. A Péniel, Jacob est devenu Israël, et « son âme a été sauvée ». Il y a des moments difficiles dans notre vie, qui nous obligent à prendre D.ieu au mot, à L’interpeller, pour réclamer avec force ce dont nous avons besoin.

 
D.ieu aime cela. Jésus a dit que « ce sont les violents qui s’emparent du royaume de Dieu » - Mat.11 :12. Il nous est donné cette parabole de la veuve qui assaille un juge de ses demandes insistantes : « …parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, afin qu’elle ne vienne pas sans cesse me casser la tête. Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ? » - Luc 18 :1-8. Soyons comme cette veuve importune, soyons comme Elisée qui ne voulait pas quitter son maître avant qu’il ne le bénisse d’une « double onction ».

 

La Sunamite : double repos ou double onction
Cette femme de la ville de Shunem (près du Mont Carmel) a une vie agréable avec son mari. Elle est une femme de distinction et semble-t-il, ne manquait de rien. Shunem = double vie de repos. 

 
Elisée avait l’habitude de passer chez elle. Elle le reconnaissait comme un saint et lui réserva même dans sa maison un lieu spécial, « une chambre haute », avec un lit, une table, un siège et un chandelier. Elisée voulait lui faire du bien et lui propose alors de l’aider, mais elle se contente de dire qu’elle est bien « au milieu de son peuple » (2 Rois 4 :13). C’est alors qu’Elisée lui fait cette surprenante promesse : « Tu seras enceinte et tu auras un fils l’an prochain ».

 
La Sunamite est alors en tous ses états : « Ne trompe pas ta servante ! ». Elisée a touché le point sensible. Cette femme n’avait pas eu d’enfant, son mari était vieux, et le prophète a réveillé par cette déclaration prophétique une douleur profonde en elle, qu’elle avait réussi jusque-là à endormir.

 
L’enfant grandit et certainement cette femme était mille fois plus heureuse avec son fils chéri. Survient alors un terrible événement qui voit son enfant avoir un mal de tête, et qui meurt. Sans hésiter, la femme se prépare pour aller voir le prophète. Il devait habiter au Carmel, à 26 km de distance. Elle rencontre Guéhazi le serviteur d’Elisée, passe outre les politesses, et se jette aux pieds du prophète.

 
Elisée envoie donc son serviteur « mettre son bâton sur le visage de l’enfant ». Mais la femme ne se contente pas de cela. Elle veut le prophète : « Je ne te quitterai pas ! », sous-entendu, sans que tu viennes en personne ressusciter mon fils. C’est également une vraie détermination de la part de cette femme. C’est une question de vie et de mort. Et Elisée fera tout pour que son fils revienne à la vie (2 Rois 4 :32-37).

 

Recevoir un fils… le Fils
La Sunamite vivait bien sans son fils. Elle ne manquait de rien et on pourrait dire que le prophète a bouleversé sa vie en lui promettant un fils. De nombreuses personnes sont heureuses sans Dieu, lorsque notamment elles ont suffisamment d’argent pour vivre bien. Pourtant, en grattant un peu, on s’aperçoit que ces gens possèdent une frustration cachée, enfouie ou inconsciente. Et lorsque le Seigneur introduit « le Fils », qu’Il suscite en eux la foi, c’est alors qu’ils découvrent que leur vie était vide.

 
Ayons nous-mêmes conscience de ce cadeau inestimable du Fils que le D.ieu d’amour a introduit dans notre vie. Notre vie a alors changé radicalement, la bouleversant quelquefois plus que nous le souhaiterions. Certaines personnes diront mêmes qu’elles étaient plus tranquilles « avant », dans leur ancienne vie, et qu’elles avaient moins de problèmes qu’elles connaissent à présent notamment avec les chrétiens.

 
C’est vrai, l’irruption d’un fils bouleverse la vie d’une mère. Ce fils va l’obliger à changer sa façon égoïste de vivre. Auparavant, elle n’avait qu’elle à penser. Là, elle doit porter toute son attention sur cet enfant qui réclame tant de soin. C’est le but de D.ieu : nous détourner de nous-mêmes pour voir l’autre, pour sortir de cette vie illusoire et vide qui mène à la mort. S’occuper d’un enfant, dans la vie de tous les jours, dans la maladie et les épreuves, transforme la femme en mère. C’est ainsi que le Seigneur nous veut, dans la transformation. C’est seulement à partir du moment où nous détournons nos regards de nous-mêmes pour nous occuper de notre prochain que nous pouvons aimer comme nous-mêmes. Voilà la Loi de Dieu : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même ». C’est pourquoi Jésus a demandé spécifiquement au jeune homme riche de vendre tous ses biens, car ceux-ci étaient un empêchement pour lui (Mt.19 :21) de sortir de lui-même.

 

Etre des pères et des mères
D’une vie stérile qui ne se reproduit pas, qui n’enfante pas, D.ieu fait de nous des « enfanteurs », des pères ou des mères. Une femme sans enfant ne connaît pas la joie de mettre au monde son enfant. Mais le plus important est surtout d’amener cet enfant jusqu’à sa vie d’adulte. C’est le plus beau cadeau que Dieu nous fait, en nous donnant des enfants, mais c’est particulièrement dans l’éducation, l’attention nécessaire, la patience, que nous développons tout ce qui est nécessaire à notre transformation. Donner la vie, c’est laisser la nôtre pour s’investir dans celle des autres. Un enfant ne pousse pas tout seul. Il a besoin d’attention et de tendresse, mais aussi de discipline, de limites et de règles, d’une éducation sérieuse pour grandir « droit ».

 
Notre société meurt et se dessèche par manque de pères et de mères. L’Eglise (en Europe) meurt par manque d’amour, par manque de pères et de mères. L’Eglise est souvent constituée d’un leader et de chrétiens se contentant d’écouter, alors que chaque chrétien né de nouveau et régénéré dans la puissance de l’Esprit, a reçu la capacité de donner la vie et d’être une source d’eau vive pour autrui.

 
Nous aimons bien être des enfants et nous laisser choyer. Mais nous sommes appelés à devenir des adultes, pour à notre tour, engendrer et donner la vie, et pour que d’autres soient nourris, consolés et aimés. L’adulte est l’être accompli que le Seigneur désire voir en nous : « … que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre » - 2 Tim.3 :16.

 

La vision
Nous pouvons voir cette belle histoire de la Sunamite d’une autre manière encore. Le « fils », c’est aussi la vision, et il est une parole qui dit : « sans vision, le peuple est sans frein » - Prov.29 :18. Sans révélation ou vision (‘hazon), le peuple s’égare dans le désert et meurt au bout du compte.

 
Cette femme était heureuse sans enfant, mais sa vie était illusoire. Elle n’avait pas de but si ce n’est de profiter de la vie, ayant suffisamment d’argent pour ne pas s’inquiéter des besoins élémentaires. Le fils lui a communiqué une vision nouvelle. Dans le mot ‘hazon, il y a le fait de voir au-delà et de contempler l’invisible. D.ieu s’est révélé à nous de manière transcendantale (qui transcende le réel, le visible) et nous a transmis une nouvelle capacité de voir. « Levez les yeux vers les montagnes », dit le Psalmiste (Ps.121). Nous ne sommes plus des terriens mais des saints, faisant partie de la famille de Dieu,  nous avons la vision élargie et avons reçu des lunettes spéciales permettant de discerner l’invisible.

 

La double portion
Le « fils » transforme notre vie dans le sens où il nous oblige à lever les yeux vers le ciel, vers « le Père de qui viennent toutes choses » (1 Cor.8 :6). Elisée a demandé une double portion de l’Esprit d’Elie. Il savait ce que dit Deut.21 :17 : « (un père à son fils aîné) lui donnera sur son bien une portion double ; car ce fils est les prémices de sa vigueur, le droit d’aînesse lui appartient ». Ce que demande Elisée est en fait la transmission de l’héritage d’Elie, le meilleur de lui. Il veut le « manteau », et nous le voyons (2 Rois 2 :12) déchirer ses propres vêtements. Quand nous venons à la foi, nous devons comprendre que notre vie ancienne est morte, et que Dieu place en nous la Vie nouvelle. On ne peut se servir d’une vieille outre pour mettre du vin nouveau pétillant, car la peau éclatera sous la pression (Marc 2 :21-22). De même, on ne coud pas une pièce neuve sur un vieil habit, il faut le changer entièrement.

 
La « double portion » implique que nous rejetions nos vieilles habitudes de vie, nos comportements du monde, et que nous agissions et marchions en « nouveauté de vie », selon Rom.6 :4. La Bible dit que le Seigneur prépare pour nous des « habits de fin lin », afin que nous devenions l’Epouse qui plaît au Seigneur.

« Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse, et donnons-Lui gloire ; car les noces de l’Agneau sont venues, son épouse s’est préparée, et il lui a été donné de se revêtir d’un fin lin, éclatant, pur ; car le fin lin, ce sont les œuvres justes des saints. L’ange me dit : Ecris : Heureux ceux qui sont appelés au festin des noces de l’Agneau ! Puis il me dit : Ces paroles sont les véritables paroles de Dieu »

 

Réjouissons-nous et soyons transformés par l’Esprit du Seigneur




Publié dans Enseignement

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