Tisha Be’Av

Publié le par Pasteur Gerald FRUHINSHOLZ

 

Tisha-Be-Av.jpgLe 9 Av (c'était le 9 août 2011), Tisha Be’av est l'un des jeûnes annuels les plus importants du judaïsme après Yom Kippour. Contrairement à ce dernier, ce n'est pas un jeûne d'expiation mais bel et bien de deuil. D'aucuns l'ont appelé le jour le plus triste dans l'histoire juive... mais il est aussi un jour d'espérance.

C’est en effet le rappel de dates extrêmement dramatiques pour le peuple juif, notamment la destruction du 1er Temple en -586 par Nebucanetsar et du 2ème Temple par Titus en 70 après JC.

Et pourtant… Tisha Be’av correspond aussi dans le judaïsme à un « anniversaire » de première importance, celui du Mashia’h ! L’âme du Mashia’h (le Messie d’Israël) serait ainsi descendu du ciel en même temps que le Lieu-très-Saint était en feu. Cela correspond à la pensée (bien) juive qu’au plus noir des événements, il y a toujours un parallèle positif. C’est ce qui a permis d’ailleurs au peuple juif, malgré tous les tourments que ce peuple a pu vivre - les persécutions, les tortures, les croisades, l’Inquisition… et la Shoah – de garder espoir et de toujours aimer la vie.

Un groupe de jeunes chrétiens visitaient ces jours-ci Israël, certains pour la première fois. L’un d’eux nous confia : « Ce qui me stupéfait, c’est la capacité des Juifs à qui nous avons parlé de se projeter 1000 ans à 2000 ans dans le futur. Ce peuple est si spécial ! Avec tout ce qu’ils ont vécu…et les menaces qui existent depuis la création de l’Etat hébreu ».

 

Les renards du Temple

 On dit du rabbi Aqiva, un des grands Sages juifs, qu’il se promenait à Jérusalem avec ses disciples et le groupe arriva sur le Mont du temple. Les disciples ne purent s’empêcher de pleurer en constatant avec grande tristesse la destruction totale du Temple. Et alors, ils virent le vieux rabbin sourire.

Ses compagnons s’étonnèrent :

 - « Akiva, tu nous étonnes et nous rend perplexes ! Nous pleurons, et toi, tu souris ! Comment pourrions-nous ne pas pleurer ? Cet endroit si sacré est à présent dégradé et dévasté à un tel point que les renards s’y promènent.

Le rabbi Aqiva cita alors le verset du prophète Jérémie (Lam 5 :18) : « Sur la montagne de Sion ravagée, les renards se promènent ».

 -  Cette parole s’est accomplie, dit le rabbin. C’est précisément pour cela que je souris.

En effet, le vieux rabbin connaissait Jérémie comme l’un des prophètes aux merveilleuses paroles à propos de la reconstruction du Temple et de la venue du Messie.

« Voici, Je donnerai la guérison et la santé (au peuple juif), Je les guérirai, et Je leur ouvrirai une source abondante de paix et de fidélité. Je ramènerai les captifs de Juda et les captifs d’Israël, et Je les rétablirai comme autrefois. Je les purifierai de toutes les iniquités qu’ils ont commises contre moi, Je leur pardonnerai toutes les iniquités par lesquelles ils m’ont offensé, par lesquelles ils se sont révoltés contre moi. 

 Cette ville sera pour moi un sujet de joie, de louange et de gloire, parmi toutes les nations de la terre, qui apprendront tout le bien que Je leur ferai ; elles seront étonnées et émues de tout le bonheur et de toute la postérité que Je leur accorderai (à Israël) » - Jér 33 :6-9

Voilà le secret du vrai croyant : être capable de voir au travers des événements les plus durs, l’espérance se lever. Jérémie a écrit : « Il y a de l’espérance pour ton avenir -  parole de  D.ieu » - Jér 31 :17. C’est ce que nous proclamons sur Israël ! Le peuple juif a survécu à toutes les misères du monde grâce à une foi inébranlable en son Dieu, grâce aussi à l’obéissance à la Loi de Moïse, envers et contre tout. Parce que le peuple juif avait « la nuque raide », il a survécu. Ce défaut a été leur qualité, car sans cesse au cours de leur histoire, les Juifs se sont relevés et ont recommencé, alors qu’humainement, bien des fois, tout semblait perdu et sans espoir.

 

Napoléon et Tisha Be’Av

On raconte que lorsque Napoléon Bonaparte alla en Terre Sainte après sa campagne d’Égypte, il aurait entendu des pleurs, des lamentations qui se répercutaient d’un bâtiment à l’autre. Il demanda qu’on l’informât sur ce qui se passait. Napoléon reçut le rapport suivant :

« Ce sont les Juifs qui se lamentent sur la perte de leur pays, occupé par d’autres maintenant. C’est Tisha Be’Av, ils pleurent la destruction de leur Temple, le massacre de la population, la déportation en exil ». 

 « Comment, s’indigna Napoléon, on attaque des gens de cette façon et je ne suis même pas au courant ? »

Napoléon n’en croyait pas ses oreilles : « Si un peuple reste attaché à ses racines, à son passé et continue de pleurer après tant de siècles ce qu’il a perdu, ce peuple assurément, dit-il, finira par récupérer ce qu’on lui a pris ».  Cet incident se passait le 9 avril 1799.

Un siècle et demi après, cette prédiction se réalisa avec la création de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948.

 

La venue du Messie

Dans la pensée juive donc, le Messie est « né » le jour de la destruction du Temple. Et à chaque génération, existent des hommes qui possèdent la valeur du Mashia’h, qui portent en eux une qualité d’âme correspondant au Messie. C’est ainsi que le peuple juif attend toujours avec espérance la Délivrance (Ge’oula) qui viendra avec la « bi’at ha Mashia’h » - la venue du Messie. Selon les rabbins, cette venue est très proche, elle correspondra d’ailleurs avec le retour de la Schekhina, la Présence de D.ieu, que l’on voit quitter le Temple en Ezéchiel 10.

Comme croyants en Jésus/Yeshoua’, nous savons que le peuple juif a un «avenir et une espérance », selon Jérémie 31 :17. Nous croyons qu'un jour, Dieu va transformer leur deuil en allégresse et nous attendons avec eux la venue/le retour de Celui qui règnera sur Israël et le monde.

Ainsi le Messie qui vient amènera pour Israël la Délivrance. Les prophéties qui en parlent dans la Bible sont nombreuses. Les chrétiens qui ignorent Israël peuvent tout autant ignorer la Bible, et la vérité de Dieu - c’est hélas pour leur malheur.

« L’Eternel des armées prépare à tous les peuples, sur cette montagne, un festin de mets succulents, un festin de vins vieux, de mets succulents, pleins de moelle, de vins vieux, clarifiés. Et, sur cette montagne (le Mont du Temple), Il anéantit le voile qui est sur tous les peuples, la couverture qui couvre toutes les nations ; Il engloutit la mort pour toujours. Le Seigneur, l’Eternel, essuie les larmes de tous les visages, Il fait disparaître de toute la terre l’opprobre de son peuple (Israël) ; Car l’Eternel a parlé » - Esaïe 25 :6

 

Tisha be’Av chrétien

Nous pouvons conclure que pour nous chrétiens, « Tisha Be’Av » est également un deuil et un sujet de joie. Jésus a été pour nous « le Temple incarné » et ce Temple a été détruit, par sa mort sur la Croix. Ce fut un choc et l’objet d’une tristesse terrible pour les disciples, mais qui se transforma en joie extrême, par la Résurrection. La Croix comporte ainsi cette même qualité d’être à la fois un sujet de deuil, célébré à Pâque, et un sujet de joie puisque cette mort nous donne la Vie, confirmée glorieusement par la Résurrection.

Ce que nous savons pour la suite, c’est que le Messie vient en gloire, apparaissant comme un Chef de guerre (Apo 19 :11-16), et de même que le peuple juif, nous attendons ce moment avec impatience, sachant qu’Il va restaurer, consoler Son peuple et replacer Israël « à la tête des nations », et qu’Il amènera le monde entier à reconnaître l’Eternel D.ieu.

« … et la terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent. En ce jour, le rejeton d’Isaï (la race de David, et le Messie qui en est issu) sera là comme une bannière pour les peuples ; les nations se tourneront vers Lui, et la gloire sera Sa demeure » - Esaïe 11 :9-10

 

GF – le 2 août 2011

Publié dans Edification

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