Pierre et Jean ... au tombeau

Publié le par Pasteur Gérald FRUHINSHOLZ

Pierre-et-Jean.jpgQuelle belle image [1] que celle-ci ! Quelle intensité dans leur regard qui révèle à la fois la peur et l’espérance. Les deux disciples courent au tombeau. Shimon Keifa bar Jonah (Simon Pierre, fils de Jonas) est le plus âgé, c’est un pécheur et il deviendra pécheur d’hommes. Jo’hanan (Jean) est « le disciple que Jésus aimait », celui que le Seigneur choisira pour lui confier sa mère. Tous les deux ont eu un cœur à cœur avec le Maître. Pierre cependant a un remord qui restera gravé longtemps dans sa tête : il a renié trois fois son Maître alors qu’Il était abandonné de tous…

 

Ces deux hommes sont connus dans l’Evangile pour avoir couru vers le tombeau. Ces deux disciples incarnent deux types de chrétiens, ayant tous deux une relation précieuse avec le Seigneur.

 

A l’aube, Marie de Magdala est venue au tombeau et elle a vu que la pierre avait été roulée ! Comme Marie de Béthanie, et les autres « Marie », la mère de Jacques et Joses (ou Joseph – Mat.27 :56), comme Joanna (Jeanne) la femme de Chuza, intendant d’Hérode, Shoshana (Suzanne) et Salomé, l’épouse de Zébédée, mère de Jacques et Jean (Luc 8 :3), Marie de Magdala fait partie des femmes de coeur, associées aux douze disciples. Toutes ont suivi Jésus parce qu’elles L’aiment comme Leur Maître et Seigneur. Combien c’est beau de voir cette association de femmes riches et de femmes simples, des mères de pécheurs et des filles de la rue, toutes des femmes juives qui honoraient le Chabbat et attendaient le Royaume de Dieu.

 

C’est Marie de Magdala qui avertit Pierre et Jean. La veille, les femmes étaient venues ensemble avec Joseph d’Arimathée, un homme riche, membre éminent du Conseil, disciple de Jésus attendant le Royaume – c’est lui qui avait eu le courage de demander le corps à Pilate – et elles avaient préparé le corps avec des aromates et des parfums, puis s’étaient reposées le jour du Chabbat (Luc 23 :56).  

 

 
L’arrivée de Pierre

« Il couraient tous deux ensemble. Mais l’autre disciple, courut plus vite que Pierre et arriva le premier au sépulcre » - Jean.20 :4. Tentons d’imaginer ce qui se passait dans la tête des disciples. Il est dit qu’ils ne comprenaient pas encore que, selon les Ecritures, Jésus devait ressusciter des morts (v.9).

Pierre le plus âgé et le 1er parmi les Douze, arriva, après Jean. Il vit les bandes à terre et le linge plié. Pierre osa-t-il penser l’impensable ?... La chose qui devait le tarauder était son reniement, lui qui avait devant tout le monde déclaré qu’il mourrait pour Jésus, plutôt que de Le renier – Mt.26 :35. Pierre le grand courageux, devait se sentir misérable devant ce tombeau vide. Il avait marché sur l’eau, il avait eu des paroles justes : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » (Mt.16 :16), mais il devait aussi se rappeler combien Jésus l’avait repris lorsqu’il avait voulu Le corriger, prétendant qu’Il ne serait pas crucifié. Il avait eu alors ces mots terribles : « Arrière de moi, satan ! » - Mat.16 :23.  Pourtant, six jours après, le Maître l’avait emmené avec Jacques et Jean sur la montagne et quelle gloire, dans la présence de Moïse et Elie, au côté du Maître ! Devant le tombeau vide, Pierre devait penser : « Je L’ai renié ! Où peut-Il être ? »...

 

Au chapitre suivant, Pierre est confronté à Jésus qui l’attend sur la plage avec des poissons grillés. Jésus s’est déjà révélé aux disciples par deux fois, mais il y a là l’occasion pour l’apôtre de se faire pardonner. Trois fois, Jésus va lui demander s’il L’aime. Trois fois, Pierre va devoir prononcer les paroles d’amour effaçant de sa mémoire ses paroles de reniement. Quelle joie cela a dû être pour le futur pécheur d’hommes ! Quel homme renouvelé et fort nous trouvons en Actes 2, avec son discours inspiré touchant des milliers de personnes ! Pourtant à la fin de l’Evangile de Jean, cela ne l’empêchera pas d’avoir cette curiosité mal placée vis-à-vis de Jean. Jésus lui répondra alors un peu sèchement : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t‘importe ? Toi, suis-moi ! »…

 

 
Jean : « Il vit et il crut »

Jean avait un rapport privilégié avec le Seigneur. C’est lui qui avait posé sa tête sur Sa poitrine lors du repas (Jn.13 :23). Jean n’était pas un pécheur comme Pierre mais un jeune prêtre connu du Souverain Sacrificateur Caïphe (Jn.18 :15). Il appartenait au haut sacerdoce hébreu et faisait probablement partie du groupe des Sadducéens. Pour cela, il devait rester caché, et sans doute par souci d’anonymat usa-t-il de l’expression « le disciple que Jésus aimait ». Les Sadducéens, s’ils niaient la résurrection et la préexistence de l’âme, avaient une connaissance parfaite des Ecritures. Ainsi Jean avait-il une haute appréciation des paroles du Seigneur, une relation privilégiée avec Lui de par sa connaissance des textes sacrés. A la Croix, il lui sera confié Marie, la mère de Jésus – une responsabilité filiale. C’est Jean par la suite, qui écrira le dernier livre de la Bible, « l’Apocalypse », plus justement traduit « le Livre de la Révélation ». Il avait une mission.

 

Quelle fut donc la réaction de Jean, arrivé le premier au tombeau ? Il laissa passer Pierre son aîné, vit les bandes au sol en entrant dans le sépulcre, et la Parole dit : « Il vit et il crut ». Sans doute Jean avait-il compris beaucoup de choses du Maître – il avait su pour Lazare ressuscité – mais il fallait l’Esprit de Dieu pour comprendre l’incompréhensible : la Résurrection du Fils de l’Homme. Les morceaux du puzzle ont dû se mettre en place en l’espace d’un éclair, en voyant l’absence du corps de Jésus. L’illumination s’est faite ! « Mais c’est bien sûr, le Seigneur nous l’avait dit et on ne L’a pas cru ! ». On peut imaginer sa joie !...

 

 
« Que t’importe, si Je veux qu’il demeure jusqu’à ce que Je vienne ! »

C’est la dernière parole du Maître dans l’évangile de Jean. Juste auparavant, Jésus avait donné ce mot d’ordre à Pierre : « Toi, suis-moi ! ». Et à l’égard de Jean, Il exprime le désir « qu’il demeure jusqu’à ce que Je vienne ». Une phrase sibylline, curieuse pour le moins ! Pour qu’il n’y ait pas de méprise, l’évangéliste rajoute qu’il ne veut pas dire qu’il ne mourra pas. Pourtant, le mystère demeure…

 

Quel sera finalement le rôle de Jean, n’est-il pas mis à part ? Comme on le sait, il n’est pas pécheur comme Pierre ni percepteur comme Matthieu. Jean est de l’aristocratie juive issue de Tsadoq, du parti du Temple ! Il est Cohen, ayant porté le petalon, l’insigne du Grand prêtre[2]. Je crois que le Seigneur lui confie une mission avant de partir, outre celle de prendre soin de sa mère. Jean a une mission de prédilection, celle d’écrire sur l’avenir de l’humanité et d’être son dernier témoin. Jean écrira donc l’Apocalypse, le dernier livre de la Bible ! Il aura la révélation du Messie glorieux, devant établir Son règne sur la terre et dans les cieux. Il complète les paroles du prophète Daniel. En cela, « il demeure jusqu’à ce qu’Il vienne »… Ses écrits sont précieux pour la fin des temps, pour nous aujourd’hui.

 

 
Pierre et Jean, deux types de chrétiens…

20060806-v.jpgOn peut penser que Pierre et Jean représentent deux types de chrétiens pour la fin des temps. Pierre est le chrétien engagé dans le champ de Mission, l’évangéliste oeuvrant en vue de la Moisson, il est l’Eglise conquérante, tandis que Jean est le type du chrétien agissant pour la fin des temps, dans le prophétique.

 

Tentons de faire la comparaison avec Moïse et Elie, les deux hôtes invités sur la montagne de la Transfiguration, et peut-être « les deux témoins » de l’Apocalypse ?… Ces deux hommes représentent Israël – Moïse, le sauveur et leader charismatique du peuple hébreu, et Elie, le prophète par excellence, la conscience d’Israël dans les temps d’idolâtrie et de confusion. Comme Moïse, Elie sera soutenu miraculeusement 40 jours et 40 nuits et tous deux manifesteront la puissance de Dieu, l’un contre Pharaon et l’autre contre Jézabel. Moïse a donné l’impulsion du départ à Israël, Elie l’amènera à sa fin prophétiquement, puis sera enlevé au ciel dans un char de feu.

Quelle est la personnalité de Jean ? C’est un Tsadoq et un familier du Temple. Il est « le disciple que Jésus aimait », parce qu’il connaissait Son cœur. Aujourd’hui tout se recentre autour d’Israël, Jérusalem est plus que jamais une « pierre pesante » pour les nations, l’on parle d’une possible reconstruction du Temple. Le Roi des rois est attendu pour régner. Alors comme Jean, croyons !...

 



[1] Le tableau du Suisse Eugène Burnand – « Pierre et Jean au tombeau » (1898), Paris, musée d’Orsay.

[2] Sur le témoignage de Polycrate, évêque d’Ephèse, qui avait écrit une lettre au Pape Victor en l’an 189. Lire le journal « Sonnez la trompette » n° 68, page 6.

Publié dans Enseignement

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