Shavouot, un Royaume de prêtres
Ce temps de Shavouot a apporté une bouffée d’oxygène et de joie pour la population israélienne avec la libération de 4 otages vivants. Cela a été le fait d’une superbe opération militaire de Tsahal digne de celle de Entebbe (1976) et sans aucun doute, avec l’aide de Dieu. Mais la guerre se poursuit avec son lot de soldats tués au combat. Israël se bat sur plusieurs fronts. Prions la prière de Joël 2 :17 : « … Seigneur épargne ton peuple ! ».
Trois Fêtes de l’Eternel rythment l’année hébraïque - Pessa’h, Shavouot et Souccot - avec un parallèle spirituel dans la Nouvelle Alliance. Lévitique 23 à 25 décrit ces Fêtes qui représentent des temps spirituels et des saisons prophétiques :
- Pessa’h parle de libération et de rédemption. Le joug de Pharaon symbolise le joug du péché dans le monde. L’œuvre de la Croix se situe là.
- Shavou’ot (Lév 23 :15-22 - Sept semaines après Pessa’h ; c'est également un jubilé (50 jours). C’est un accomplissement, avec le règne de l’Esprit dans la Nouvelle Alliance. Sont mentionnés (Lév 23 :17) les deux pains et les bikourim (prémices). On discerne là deux peuples et des prémices, qui sont les premiers fruits avec Israël et l’Eglise. La Moisson est à venir.
- Souccot, justement, parle de cette Moisson liée à la venue glorieuse du Messie.
Ces trois fêtes sont illustrées dans les trois parties du Tabernacle (mishkan) – le Parvis, le lieu de la Rédemption, le Lieu-saint, avec la Menorah, image du Saint-Esprit, et le Lieu-très-saint, qui parle de la Révélation ultime de la Présence de Dieu dans le Royaume messianique.
Un Royaume de prêtres
Relisons l’alliance qui est comme un mariage que Dieu fait avec Israël (Exode 19 :5-6) : « Maintenant, si vous écoutez ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez personnellement (segoula) parmi tous les peuples, car toute la terre m'appartient. Vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte (qadosh, mise à part) ».
Le mot segoula désigne un trésor : Israël est le trésor personnel de Dieu ; et elle est une nation mise à part des autres nations. C’est le peuple juif par Moïse qui reçoit la Torah - l’enseignement et la direction de Dieu - du haut du Sinaï, pour la transmettre au monde. Les ‘dix commandements’ deviendront la base de toute justice dans la société humaine.
Vous serez pour moi, dit l’Eternel, Mamlekhet cohanim – un Royaume de prêtres. Que dit la Nouvelle Alliance ?... Pierre (1Pi 2 :9) parle de ‘sacerdoce royal’, tandis que Jésus Lui-même dit que les croyants de la Nouvelle Alliance sont « un royaume, des prêtres/cohanim pour Dieu Son père » (Apo 1 :6). La version Segond 21 traduit Apo 5 :10 « Tu as fait d’eux des rois et des prêtres ». Cette traduction n’est pas juste.
Nous ne sommes pas des rois, mais des serviteurs. Auteur de l’Evangile et de l’Apocalypse, Jean/Yohanan savait ce que signifiait Mamlekhet cohanim dans la pensée hébraïque. Nous sommes ainsi une ‘communauté de prêtres’ sous l’autorité du Roi des rois. Il y a une hiérarchie dans l’Eglise, comme dans une armée : elle est composée de soldats, de chefs et de généraux, mais il n’y a qu’un seul Roi, comme du temps de David.
Qu’est-ce que le "ministère de prêtre" ?... Il n’est surtout pas réservé au pasteur ou au prêtre. Ce ministère est celui de tout chrétien qui appartient à Christ et qui est rempli de l’Esprit. Être chrétien, c’est être consacré à Dieu ; Dieu nous a choisis pour l’adorer et Le servir. C’est un ministère à plein temps. La prière, la proclamation de la Parole, la louange, l’offrande même, font partie de ce ministère. Nous sommes tous au même niveau. A tel point que Jésus déclarera (Mat 7 :21) à celui qui dit : « Seigneur, Seigneur, j’ai prophétisé en ton nom, j’ai chassé des démons, et fais des miracles… ». Jésus répondra : « Si tu n’as pas fait la volonté de mon Père, Je ne te connais pas, ouvrier d’iniquité » !
Lorsque Jésus regarda la veuve au Temple mettant ses deux petites pièces dans l’offrande (Marc 12 : 41), il dit : « Cette veuve a mis de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait ». Le Seigneur nous regarde dans notre « ministère » - Il est le Roi. Il voit la sincérité de nos cœurs, Il voit la qualité de notre service, notre louange, notre prière, notre offrande. Il est la Tête de l’Eglise et nous sommes Son corps ; Il est le Roi, nous sommes ses serviteurs et ambassadeurs.
Il nous a choisis individuellement, comme Dieu a choisi le peuple juif, pour être un témoignage de Sa grâce mais également un ministère pour la Rédemption du monde. Il ne nous a pas choisis pour nos qualités ou nos dons, mais pour notre cœur. A nous d’être comme David et non comme Saül.
Pentecôte - une Parole créatrice
La Torah donnée au Sinaï au peuple juif l’a été au milieu du feu et de la fumée, des coups (voix) de shofar, et de vents violents faisant trembler la montagne (Ex 19 :18). A Jérusalem (Actes 2 :1-4), nous avons ces mêmes « ingrédients » : sur les 120, se posèrent « des langues de feu », il y avait le vent de l’Esprit, et le « fort bruit », le coup de shofar, qui est comme la voix de Dieu.
Cette voix est celle des premiers versets de la Genèse. Au milieu des ténèbres, « La voix de Dieu retentit : yehi ‘or – que la lumière soit, et la lumière fut ». C’est l’œuvre de la Parole de Dieu, que l’on retrouve en Jean 1 : « Au commencement était la Parole, la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu ». Et la Parole s’est faite chair, elle est venue « tabernacler » au milieu des hommes. Yeshoua’ est la Parole, Une et éternelle.
Cette Parole a tonné à la création du monde, sur la montagne au Sinaï et elle s’est posée sur les 120 à Jérusalem. Cette Parole seule amène la Lumière dans le monde. Nous sommes, comme mamlekhet cohanim, ce ministère de prêtres, choisis et destinés à porter cette Parole, comme Israël la porte dans les nations. Le peuple juif prie les psaumes (tehilim), étudie et proclame la Torah et célèbre le kiddoush (sanctification) tous les shabbats. Israël est toujours mamlekhet cohanim. Dieu ne revient pas sur ses dons et ses promesses (Rom 11:29).
A Jérusalem, l’Esprit de Jésus s’est posé sur les 120, symbolisant l’Eglise de Dieu greffée sur l’Olivier franc des 12 tribus d’Israël. Ce vent et ce feu spirituel a embrasé des milliers de Juifs et de Goyim (gens des nations) de différentes cultures et différentes langues. Contrairement à Babel qui prônait un seul langage dans une dictature religieuse, l’Eglise représente l’Unité de Dieu dans la diversité. A nous de prouver au monde cette Unité et cet amour divin, par une Parole Une (Jean 13 :35).
Israël et l’Eglise sont les deux peuples choisis de l’Eternel comme les deux pains, mais ils sont également bikourim, des prémices. D’une certaine manière, Israël et l’Eglise n’ont pas convaincu le monde et ne l’ont pas amené aux pieds du Roi des rois. Seul le Seigneur le fera (Zach 14 :16), car Dieu est jaloux de Son Nom et de Sa Grâce. Paul l’a compris, il dira (Rom 11 :32) : « Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire miséricorde à tous ».
A Pentecôte/Shavouot, le Seigneur a donné un mandat à l’Eglise greffée sur Israël, celui d’être ce ministère sacerdotal par l’Esprit de Dieu. En aucun cas, l’Eglise ne peut se désolidariser du peuple juif, sous peine de redevenir un olivier sauvage qui ne donnera que de maigres fruits.
Shavouot nous prépare à attendre le grand Libérateur à Soukkot (Phil 3 :20), le Messie glorieux devant établir sur terre le Royaume messianique. Ce sera un événement encore une fois spectaculaire et glorieux, à Jérusalem, où la Parole, la Voix de Dieu, tonnera de nouveau – Ezéchiel 43 :1 :
« Il me conduisit à la porte, à la porte qui était du côté de l'orient. Et voici, la gloire du Dieu d'Israël s'avançait de l'orient. Sa voix était pareille au bruit des grandes eaux, et la terre resplendissait de Sa gloire »