La Souveraineté de Dieu
Il semble aujourd’hui que la notion de « Souveraineté » concernant Dieu soit désuète voire dépassée. On préfère parler de « la grâce et l’amour de Jésus » qui a remplacé d’une certaine manière « la crainte de l’Eternel ». Le Dieu du NT, entend-on, est un Dieu d’amour et Jésus qui nous a donné Son Esprit répond à tous nos désirs, il ne permet pas que nous souffrions, parce qu’il a « tout » pris à la Croix, nos péchés et nos douleurs, il a transformé la malédiction en bénédiction. La parole de Job (Job 1,21) qui est souvent utilisée lors de funérailles, « L’Éternel a donné, et l’Éternel a ôté ; que le nom de l’Éternel soit béni ! », selon certains, n’est pas de Dieu, car ce que Dieu donne, Il ne le reprend pas ; Job n’avait pas la vraie connaissance de Dieu.
N’y a-t-il pas là un danger de se couper de la « Première Alliance (1) », en prétendant que la Nouvelle a remplacé l’Ancienne ? Cette pensée correspond à une vieille hérésie, le Marcionisme (2), qui tendait à rejeter ce qui est de l’AT du « Dieu de colère et de vengeance » s’opposant au Dieu de miséricorde, manifesté en Jésus-Christ. N’y a-t-il pas là une volonté inconsciente de se couper des racines sans lesquelles finalement l’arbre se dessèche et meurt ?... Ne tombons pas dans ce piège grossier de l’ennemi qui sape la foi et dénature le visage de Dieu.
La Loi et la Grâce
Jean nous dit : « La Loi a été donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ » (Jean 1 :17). Une lecture superficielle laisserait croire que l’AT/Moïse parle de légalisme, tandis qu’à présent, sous le règne de Jésus, règne la grâce uniquement. Il est vrai que Héb 14 :16 nous parle du « trône de la grâce » dont nous devons nous approcher avec assurance, afin d’obtenir miséricorde, et être secourus dans tous nos besoins. C’est une absolue vérité qui permet à tout homme aujourd’hui de trouver le salut et la vie éternelle en Jésus qui a offert sa vie en sacrifice pour quiconque croit en Lui, ayant ouvert dans le ciel une route nouvelle par un sacrifice vivant. Mais la nouvelle dispensation de la « Nouvelle Alliance » n’efface en aucun cas les Ecritures, ou la Torah (= enseignement de Dieu) qui est le fondement de notre foi. Ce serait folie de séparer le NT de ses racines.
La miséricorde de l’Eternel
On entend que le Dieu de l’AT n’est pas un Dieu de miséricorde. - Rien n’est plus faux. Dieu n’a pas changé, Il est un Dieu de grâce et de vérité. La différence entre l’AT et le NT est dans l’élection d’un peuple, le peuple juif, pour la première alliance, et une élection dans le NT qui s’étend aux nations et à tout individu.
Ô combien la Torah, les Psaumes, les prophètes - bref « les Ecritures » - témoignent de la miséricorde divine : le mot lui-même - ‘hessed - est mentionné 240 fois. L’Eternel se révéla à Moïse ainsi au Sinaï (Exode 34,6) : « Et l’Eternel passa devant lui, et s’écria : L’Eternel, l’Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité ».
Sur la montagne du Sinaï, à travers le feu des éclairs et le grondement des tonnerres, Moïse eut la confirmation de ce Dieu d’amour et de justice (Ex 34,6-7) : « Il conserve son amour jusqu’à mille générations, pardonne l’iniquité, la rébellion et le péché, mais ne tient point le coupable pour innocent… ».
Mais Moïse - comme également le roi David et tous les prophètes - comprit également que ce Dieu est souverain et que la notion de « crainte de l’Eternel » fait partie de la foi. David l’a appris à ses dépends avec son ami Uzza qui a porté la main sur l’Arche ; David était pourtant « l’homme selon le cœur de Dieu ». Il a appris cependant à connaître Dieu en Lui obéissant, en respectant sa Souveraineté, en Lui étant soumis.
La souveraineté dans le NT
Sachons que Jésus lui-même a appris l’obéissance « par les choses qu’il a souffertes » (Heb 5 :8). Et Jésus n’a rien fait de Lui-même, sans l’approbation du Père, Celui même qui est le Dieu de l’AT ! Lisons Jean 5 :19 : « Jésus reprit donc la parole, et leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu'il fait ; et il lui montrera des oeuvres plus grandes que celles-ci, afin que vous soyez dans l'étonnement ». L’osmose avec le « Dieu de l’AT », entre le Père et le Fils, est complète ; Jean 17 en témoigne.
La souveraineté de Dieu, Ananias et Saphira l’ont comprise en payant de leur vie pour avoir menti au Saint-Esprit (Actes 5) ; cet événement inspirera à leurs contemporains « la crainte de l’Eternel ».
Paul et les apôtres ont souffert dans leur chair, dans les chaînes des prisons, et ont subi le martyr pour la plupart. Etienne a été lapidé et son jeune ministère brisé ; Dieu ne l’a-t-il pas permis ? Jacques, le chef de l’Eglise et frère de Jésus, a lui aussi été exécuté.
Lorsque Jésus parle de la fin des temps, il évoque une 3e dispensation, celle du Royaume qui vient. En Mat 25,31-46 qui parle du jugement des nations (goyim signifie également les individus non juifs), ses paroles sont terribles à l’égard de ceux qui ont porté la main contre l’un des plus petits des frères de Jésus, les Juifs, ou qui n’ont pas agi en leur faveur : « Il (le roi, le Messie) dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. Car j'ai eu faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'ai eu soif, et vous ne m'avez pas donné à boire… »
Les principes divins
Les Ecritures, comme le dit Jésus, ce sont « la Loi (la Torah) de Moïse, les psaumes et les prophètes » (Luc 24,44-45). Rejeter l’AT, c’est rejeter l’enseignement de Dieu, les principes divins qui sont le fondement de notre foi. Jésus a « juste » renouvelé l’Alliance, Il a permis (en fermant les yeux de Son propre peuple Israël) que le salut et la vie éternelle soient accessible à tout être humain, quel qu’il soit.
Et l’Esprit qui est en nous est le même que l’Esprit qui « se mouvait au-dessus des eaux » (Gen1 :2), qui reposait sur les rois, les juges, hommes et femmes, sur les prophètes dans l’AT. Il est remarquable de voir comment Elie a ressuscité le fils de la veuve (1Rois 17,20-22) : « Et il s'étendit trois fois sur l'enfant, invoqua l'Eternel, et dit : Eternel, mon Dieu, je t'en prie, que l'âme de cet enfant revienne au dedans de lui ! L'Eternel écouta la voix d'Elie, et l'âme de l'enfant revint au dedans de lui, et il fut rendu à la vie ». Dieu écouta la voix d’Elie et l’âme de l’enfant revint au-dedans de lui ! Quelle leçon, et quelle tendresse de Dieu ! Y a-t-il là quelque chose de différent du NT ?...
Mais auparavant, le prophète dut apprendre la soumission, l’obéissance, aller au torrent du Kerith et apprendre la dépendance d’avec Dieu. C’est l’école de disciples qui est décrit dans cette histoire ; que l’on soit chrétien au 21e siècle ne change pas les règles et les principes divins : nous devons apprendre l’obéissance, la soumission et l’humilité dans la dépendance. Avoir les dons de l’Esprit - le don de guérison ou autre don - ne nous autorisent pas à passer outre ces principes. Dieu est souverain.
Se préparer au Royaume qui vient
Arrivés à la fin des temps, nous devons nous préparer au Royaume qui vient. Or, qui en sera le chef ? Le Messie bien sûr, le Roi des rois. Et que dit l’Apocalypse, le livre de la Révélation, à son sujet ? (Apo 19,11-16) :
« Puis je vis le ciel ouvert, et voici, parut un cheval blanc. Celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable, et il juge et combat avec justice. Ses yeux étaient comme une flamme de feu ; sur sa tête étaient plusieurs diadèmes ; il avait un nom écrit, que personne ne connaît, si ce n'est lui-même ;
Et il était revêtu d'un vêtement teint de sang. Son nom est la Parole de Dieu. Les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, revêtues d'un fin lin, blanc, pur ;
De sa bouche sortait une épée aiguë, pour frapper les nations (goyim) ; Il les paîtra avec une verge de fer ; et il foulera la cuve du vin de l'ardente colère du Dieu tout-puissant ».
La description du Messie est-elle différente de celle que nous avons de Jésus, le gentil Jésus né dans une crèche ?... Peut-être alors faudra-t-il que nous révisions notre théologie, car Celui qui vient est un Juge impitoyable, un Dieu vengeur ; à côté de cela, Il sera le merveilleux Rédempteur et glorieux Roi.
Préparons donc nos cœurs pour accueillir le Messie. Faisons teshouvah (changeons de lunettes) - Il vient, Il vient premièrement pour se révéler à Israël Son peuple, comme Joseph avec ses frères. Puis Il vient pour juger les nations et les goyim qui ont porté la main sur Israël ; Il a l’épée dans la bouche. Le Psaume 2 de David dit la même chose ; ce Roi, oint par Dieu, est souverain : « Baisez le Fils, de peur qu’Il ne s’irrite… car Sa colère est prompte à s’enflammer ».
Mais également, Il vient pour apporter PAIX et JUSTICE sur la terre, et l’humanité connaîtra enfin dans sa plénitude l’amour de l’Eternel. Le monde entier se soumettra à Lui, et « la terre sera remplie de la connaissance de l’Eternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent » (Es 11,9 ; Hab 2,14).
Apprenons d’ores et déjà à Le reconnaître dans cette Souveraineté qui Le caractérise, dans sa vraie identité d’un Dieu d’amour et de justice, d’un Sauveur et Seigneur, qui a pour projet le salut de toute l’humanité.
(1) Il n’existe qu’une Alliance, l’Alliance d’amour de Dieu pour les Juifs et pour tous les hommes. L’Alliance renouvelée offerte en Jésus-Christ ne change rien de la personnalité du Créateur, dans les deux dispensations - l’AT et le NT.
(2) Le marcionisme est un courant de pensée théologique dans l'Église primitive, et une croyance dualiste issue du gnosticisme suivant laquelle l'évangile du Christ est un évangile de pur Amour, ce qui n'est pas le cas de la Loi ancienne de Moise et du peuple d'Israël. En conséquence l'Ancien Testament est rejeté.