Connaître son identité
Lorsque Dieu nous envoya en Israël – l’appel eut lieu en 1996 avec une parole prophétique, et la réalité du départ en 2005 - c’était comme « témoins et serviteurs », mais c’était également comme chrétiens et non messianiques. Nous étions appelés à être témoins de Sa gloire et de Son action en Israël et au Moyen-Orient (où les derniers temps se jouent), et comme serviteurs de Dieu en Israël, en vue de bénir Son peuple. Notre mandat reposait notamment sur Es 62 : « Pour l’amour de Sion, je ne me tairai pas… », et sur Es 40 : « Consolez, consolez mon peuple… ôtez les pierres ».
En faisant ce saut d’une nation à une autre, d’une culture à une autre – Israël est déjà un melting-pot de nombreuses cultures, et un « Etat juif » selon les mots de Theodor Herzl – nous avons été amenés à changer notre façon de voir, en changeant ou adaptant notre foi à la foi juive ; ou plutôt en empruntant d’autres lunettes, sans perdre pour autant notre identité ; c’est finalement un enrichissement. L’on constate que notre foi chrétienne est le produit d’un enseignement millénaire ayant traversé les siècles, un enseignement acquis de nos pères, de notre milieu familial mais aussi directement de Dieu, par Sa Parole. Sophie était d’un milieu catholique et moi-même de tradition protestante.
Nous sommes « nés de nouveau » selon l’expression consacrée, et selon Jean 3, « né d’en-haut » (c’est une expérience personnelle avec Dieu) en septembre 1986, et par un engagement concret, nous sommes rentrés dans un ministère pastoral. Nous avons vite compris qu’être un vrai chrétien (disciple) et connaître Dieu exige toute une vie.
La découverte d’Israël, en 1996, nous a confrontés à une autre réalité : Israël et le monde juif. Nous avons découvert l’importance de la place d’Israël dans les plans divins. Et nous avons découvert que notre identité s’élargissait, s’enrichissait au contact des Juifs, en comprenant :
1 - que Jésus est juif à 100 % - né juif, circoncis selon la loi juive, ayant fait sa barmitsva à 12 ans, portant le talith et pratiquant la lecture de la parasha à la synagogue, fréquentant le temple et le considérant comme la maison de son père, mort comme Juif avec sur la croix : « Roi des Juifs ».
2 - combien l’histoire du peuple juif dans la Bible est fondatrice, et en voyant combien le rôle de ce peuple qadosh /saint n’est pas terminé : la mission d’Israël n’est pas finie !
3 - que « le salut vient des Juifs » (Jn 4/22). Cette remarque de Jésus faite à la Samaritaine est précieuse pour nous montrer, à nous chrétiens, l’urgence de se greffer sur l’olivier franc (Israël) et de réaliser que « c’est la racine qui nous porte », et non l’inverse (Rom 11/18). L’Abbé René Arbez dit ceci : « L’évangile de la samaritaine vient nous rappeler que les chrétiens des diverses confessions ont leurs racines et leur inspiration actuelle non pas dans les philosophes de la Grèce, non pas dans les traditions romaines, ou dans les développements culturels anglo-saxons contemporains, mais dans la tradition vivante d’Israël - « Le salut vient des juifs ! ».
Nous avons ainsi appris par cette confrontation nécessaire, comme dans un couple, que notre identité de chrétien nécessite d’être enrichie, voire corrigée en constatant les dommages de 2000 ans d’enseignement selon la pensée grecque, platonicienne. Cette découverte en Israël a été fondamentale pour comprendre la vraie nature de Dieu, un Dieu biblique et non pas « chrétien » - le Dieu de Jacob quels que soient nos aprioris sur le personnage de Jacob.
Cela nous a montré combien notre identité est faussée et combien elle a besoin d’être rétablie. Et nous avons réalisé que si le chrétien ne se reconnecte pas à ses racines, des racines juives – l’Eglise était juive à la base – il se perd, il tombe dans la confusion. La Bible le confirme : « Aussi Dieu leur envoie une puissance d'égarement (confusion), pour qu'ils croient au mensonge, afin que tous ceux qui n'ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l'injustice, soient condamnés » - 2Thess 2/11.
Messianique ou chrétien
Est messianique tout Juif qui reconnait en Jésus/Yeshoua’ son Messie. Personnellement, Sophie et moi, nous avons peut-être du sang juif dans notre famille, mais nous sommes chrétiens (goyim), ayant été élevés et enseignés comme chrétiens. C’est pourquoi le Seigneur nous a-t-il spécifié : « Je vous envoie en Israël comme chrétiens…, soyez fiers de l’être ».
Il est crucial de savoir qui l’on est et d’où l’on vient. Les racines, mais aussi notre éducation, déterminent notre identité. Il arrive que découvrir soudainement que l’on est juif soit perturbant. Cette découverte bien sûr ne change en rien la nature de Jésus : Il est Juif et ne changera pas, c’est son identité, son ADN. Etre juif, ou découvrir sa judaïté, ne fait pas de nous quelqu’un de mieux ! Il n’y a pas d’élitisme dans le fait d’être juif. L’important consiste à être de vrais disciples, et cela n’a rien à voir avec notre sang.
Ce qui est important en effet, que l’on soit un vrai chrétien connecté sur les racines hébraïques, ou un messianique, c’est de savoir que nous appartenons à la même Eglise ou Communauté ecclésiale, en Jésus-Christ ou en Yeshoua’ haMashia’h, comme nous souhaitons Le nommer.
Femme ou homme
Il est facile de distinguer un homme d’une femme. Bien qu’à présent, le diable s’ingénie à mélanger les genres ; c’est hélas son rôle de semer la confusion… au coeur même de l’identité. Nous sommes dans une époque où, sous le prétexte fallacieux de liberté et d’épanouissement personnel, la société accepte de mélanger les genres : un homme peut aimer un autre homme, idem pour la femme, et une femme peut devenir un homme et réciproquement. Cela touche l’idée du couple et par la suite de la famille devenant multiforme, « éclatée ». C’est la dernière cible de satan : s’attaquer à l’identité !
Cela touche à la fois à l’identité homme/femme, et l’identité juif/goy (issu des nations). Satan met la confusion sur l’altérité. La Bible enseigne que :
1. l’homme a besoin de son alter ego la femme (et réciproquement), et
2. enseigne également que le chrétien a besoin de son alter ego, le Juif.
Ces deux éléments sont comme deux pièces d’un puzzle qui s’emboitent.
Comme par hasard, ces deux concepts sont battus en brèche : l’homosexualité est passée dans la normalité et l’antisémitisme a gangréné toutes les populations.
La dimension Masculin/Féminin
Le judaïsme nous aide à mieux comprendre la complexité humaine : en Genèse 1 :27, nous voyons que Dieu a créé l’homme - selon nos versions occidentales : « Dieu créa l’homme et la femme ». Le texte en hébreu dit les choses différemment : « Dieu créa Adam… Il le créa masculin/féminin » - en hébreu : zakhar veneqeva – masculin et féminin.
C’est intéressant de saisir cela : il y a en nous les deux dimensions « masculin et féminin », plus ou moins marqués. Le « dernier Adam » qui est Christ (1Cor 15 :45), possède cet équilibre parfait dans sa personnalité. Etant Fils de Dieu et Fils de l’homme, Christ est l’Homme par excellence, rachetant le premier Adam. Il possède cette dimension divine, d’un Dieu à la fois masculin et féminin (El shaddaï – image d’un Dieu nourricier, féminin - shad signifie le sein). Ainsi Christ incarne-t-Il à la fois la miséricorde et le jugement. Il est venu une première fois dans sa dimension féminine comme Consolateur et victime sacrificielle, et il vient en tant que Juge et Roi, dans sa dimension masculine.
Ainsi, dit le judaïsme, l’homme est composé de ces deux dimensions : le Masculin et le Féminin. La Psychanalyse connaît bien le terrain de cette complexité humaine. Un désordre familial ou sociétal entraîne parfois des disfonctionnements. Il y a aussi des personnalités plus ou moins de tendance féminine ou masculine. On dit d’une femme qui s’habille comme un homme qu’elle est un garçon manqué. L’on peut voir que Dieu nous appelle à retrouver un équilibre, afin que l’homme reprenne sa place d’homme dans le couple par exemple, et réciproquement qu’une femme retrouve sa féminité, notamment dans l’habillement. Néanmoins, quelquefois il s’agit d’un vrai besoin de guérison intérieure, nécessitant la main de Dieu.
Dans le couple en général, il arrive que la femme soit celle qui prenne les décisions ou qui tranche ; on dit alors que son côté masculin est dominant. Mais selon Dieu, cette femme (intelligente, l’intelligence et le bon sens étant une particularité féminine) saura laisser à l’homme sa place de chef de famille. C’est un équilibre à rechercher, le couple étant la plupart du temps fait de deux extrêmes, l’un étant le complément de l’autre. Ensemble, dit la Bible, « ils sont UN, une seule chair » (Gen 2 :24). Voyons quelques exemples de couple dans la Bible :
- Dans le couple Abraham et Sarah, nous voyons qu’Abraham représente le ‘hessed, la miséricorde. Sarah aura ainsi besoin de trancher concernant le problème Ismaël et la servante Agar ; Abraham souhaitait garder Ismaël auprès de lui, bien que Dieu lui ait dit que seul Isaac était l’héritier. Dieu donnera raison à Sarah disant à Abraham : « Ecoute la voix de Sarah ! ». Et Abraham chassa Agar et son fils dans le désert. Dans ce cas de figure, Sarah représente le din, le jugement. Elle protège son mari d’une mauvaise décision.
- Même configuration avec Jacob et Rachel : Rachel est la femme forte, tandis que Jacob a un caractère doux ne voulant pas brusquer les choses.
- Avec Isaac et Rébekah, c’est le contraire : Isaac est vu dans le judaïsme comme l’incarnation de la rigueur (din), de la sévérité. Pour Isaac, la loi disant que le bekhor, l’aîné, est celui qui possède le droit d’aînesse. C’est donc Esaü le bekhor. Rébekah devra alors se servir d’un subterfuge pour passer par-dessus l’autorité d’Isaac, «vieux et fatigué » selon la Bible, sachant que Dieu lui avait précisé que Jacob serait le premier. D’où la proposition donnée à Jacob de se travestir. Etait-ce une mauvaise idée ? Les conséquences en tous cas ont été dramatiques pour tous… et pour l’image de Jacob, qui passera pour un rusé et un fourbe. Esaü en concevra de la haine pour son frère. Plus tard, Isaac reconnaîtra que sa femme avait eu raison, car Esaü aura de mauvaises fréquentations avec les filles cananéennes et il épousera la fille d’Ismaël, ce qui donnera prophétiquement l’association « Edom/Occident + Islam », dont nous voyons les mauvais fruits aujourd’hui.
Israël et l’Eglise, un couple prophétique
Gardons l’image du couple : nous avons déjà vu que nous pouvions voir l’Eglise et Israël comme un couple. Comme dans tout couple normal, il y a un homme qui est à tout point de vue différent de son conjoint, la femme. Mais ensemble, ils sont Un devant Dieu ! Et ils ont besoin l’un de l’autre, étant complémentaires.
Israël et l’Eglise sont les deux témoins que Dieu utilise pour célébrer Sa gloire. Nous croyons que l’Eglise est la femme représentée par la prophétie, le discernement, l’intelligence spirituelle, tandis qu’Israël représente la Torah et la religion – Israël est le Lévite par excellence. On dit précisément dans le judaïsme que la Torah est Masculin, tandis que le Féminin représente la Malkhout (Royauté).
L’Eglise représente ainsi la prophétie, c’est le ministère du Prophète au sein du Royaume de Dieu, un Royaume pour l’instant spirituel, Christ ayant établi Son Royaume dans les cœurs des chrétiens.
Les temps à venir vont voir apparaître le Royaume davidique sur terre, avec le Messie/Roi à sa tête. Israël et l’Eglise seront unis indéfectiblement, comme la vision de Ezéchiel le montre : « Ainsi parle le Seigneur, l'Eternel : Voici, je prendrai le bois de Joseph qui est dans la main d'Ephraïm, et les tribus d'Israël qui lui sont associées; je les joindrai au bois de Juda, et j'en formerai un seul bois, en sorte qu'ils ne soient qu'un dans ma main » (Ezéchiel 37:19).
Ephraïm symbolise les tribus éloignées de Juda. Ephraïm parle de l’Israël du Nord, idolâtre et paganisé. Des populations étrangères venues de Babylone avaient entièrement remplacé les habitants juifs de Samarie. Lorsque Jésus interrogea la Samaritaine, il s’adressait à une femme qui était très éloignée de la vraie foi juive, mais qui possédait cependant des valeurs bibliques ; elle connaissait le « puits de Jacob ».
Nous savons en outre que Jacob avait donné à Ephraïm le droit d’aînesse (Gen 48) ! En 1Chron 5 :2, nous voyons également que Joseph avait pris l’ascendant sur Juda : « Juda fut puissant parmi les frères, mais le droit d’aînesse est à Joseph ». Or, pendant 2000 ans, l’Eglise a d’une certaine façon pris le pas sur Israël qui avait disparu dans l’exil. L’Eglise passait au premier plan, tandis que le monde juif, éparpillé dans les nations, était caché dans un rôle de second plan. L’Eglise pendant 2000 ans, mais surtout vers la fin (19 et 20e siècle), avait rempli son rôle de porteur de la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre (Mat 28 :19).
Aujourd’hui, nous voyons Israël retrouver sa place au sein des nations ! Or, Jésus avait proclamé que lorsque Jérusalem ne serait plus piétinée par les nations, alors ce serait « la fin du temps de nations » (Luc 21 :24). La libération de Jérusalem devenue capitale de l’Etat hébreu est ainsi un événement hautement prophétique, Dieu redonnant à Israël une place de premier plan !
L’Eglise doit comprendre que son rôle de bekhor est terminé, mais elle demeure dans son rôle prophétique, dans la prière, l’intercession, au service d’Israël actuellement en butte au mépris de tous, et devenant l’opprobre des nations.
A chacun d’entre nous d’enrichir ou de parfaire notre identité, en tant que chrétiens appelés à servir, pour la fin des temps que nous vivons, à soutenir notre partenaire prophétique : Israël.