L'Eglise dans la pensée hébraïque

Publié le par Pasteur Gerald FRUHINSHOLZ

J’ai été interpellé par une parole issue de la parasha (1) Ki tavo  (= « lorsque tu seras entré…). Ce texte parle autant au Juif qu’au croyant de la nouvelle Alliance. En effet le chrétien rentre dans un pays promis qui est spirituel, c’est le Royaume de Dieu. C’est notre héritage, comme la terre d’Israël est l’héritage du peuple juif. L’Eglise, en tant que corps de Christ (Eph 1 :23), est le peuple du ciel, Israël étant le peuple de la terre.

Que dit la Parole ? Deut 26 :1-2 : « Lorsque tu seras entré dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne pour héritage, lorsque tu le posséderas et y seras établi, tu prendras des prémices de tous les fruits que tu retireras du sol dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne, tu les mettras dans une corbeille, et tu iras au lieu que choisira l’Eternel, ton Dieu, pour y faire résider son nom ».

Ce texte parle précisément de la dîme que tout hébreu devait apporter à Dieu, à Jérusalem, la ville que Dieu avait choisie pour y mettre Son NOM. Nous pouvons comprendre que nos fruits ou prémices peuvent désigner, pour nous qui naissons à la Vie éternelle, le magnifique cadeau que Dieu nous a fait : le Saint-Esprit, la présence de Dieu en nous, par la grâce de Dieu et l'oeuvre de la Croix.

Deut 12 :11 - « Il y aura un lieu que l’Eternel, votre Dieu, choisira pour y faire résider son nom. C’est là que vous présenterez tout ce que je vous ordonne, vos holocaustes, vos sacrifices (LOUANGE), vos dîmes, vos prémices, et les offrandes choisies que vous ferez à l’Eternel pour accomplir vos vœux. C’est là que vous vous réjouirez devant l’Eternel, votre Dieu, vous, vos fils et vos filles ».

 

Jérusalem, le lieu de la Présence de Dieu

Lorsque la Bible parle du Nom de Dieu, il s’agit de Sa présence (shekhinah), de Sa gloire (kavod). Jérusalem est véritablement le « maqom » de Dieu – HaMaqom en hébreu est « le lieu » de Dieu par excellence. Voilà pourquoi Jérusalem, spécialement le Mont du Temple, est si disputé par les nations et par l’Islam aujourd’hui. Yerushalaïm (au pluriel) est la ville de Dieu, devant être dans le millenium la capitale mondiale.

L’Eglise en tant que lieu de culte est également le lieu par excellence réunissant les chrétiens. C’est notre Jérusalem où nous nous rendons chaque semaine pour y apporter notre « corbeille de premiers fruits », où nous rendons un culte à Dieu, et où nous nous réjouissons ensemble. 

Il est clair que chaque chrétien, né d’En-haut, possède en lui le Saint-Esprit ou du moins une part, Jésus l’ayant eu en plénitude (Col 1 :19, 2 :9) : « en Lui (Christ), vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis, lequel est un gage (= arrhes, acompte) de notre héritage, pour la rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, pour célébrer Sa gloire » (Eph 1 :13-14).

Célébrer le culte ensemble est la volonté de Dieu pour nous, c'est un commandement divin, un temps de célébration spécial à la gloire de Dieu, fait d’un même cœur, comme pour la première Eglise qui se réunissait le shabbat et le dimanche - le « premier jour » (Ac 20 :7) nous rappelant le jour de la résurrection. 

Le culte est ainsi premièrement un temps mis à part « pour célébrer Sa gloire ». Le fait d’être ensemble est capital, même si aujourd’hui cela a moins de sens, l’Eglise étant tellement divisée. Le culte communautaire rendu à Dieu est aussi un signe, des prémices, pour le temps où Dieu sera reconnu universellement. Même chose pour l’Eglise qui ne peut s’enorgueillir d’être l’aboutissement de tout, si l’on constate sa pauvreté dans le monde, même si l’on voit de belles choses dans certains pays. Les chrétiens ne sont que des prémices du temps où Dieu règnera par le Messie sur terre : « Que ton règne vienne sur la terre comme au ciel »… C’est notre prière.

 

Apporter sa corbeille

Chaque Hébreu devait mettre dans une corbeille les premiers fruits de son travail, et les offrir à Dieu. Cela parle de la dîme premièrement, sur un plan matériel.

L’on sait combien le fait de donner la dîme de tous ses revenus est important ! C’est une des conditions de la bénédiction. Si nous vivons des choses difficiles dans notre vie, des soucis ou problèmes répétitifs, touchant notre porte-monnaie, posons-nous premièrement la question à savoir si nous sommes en règle avec la dîme. C’est un principe divin. Jésus l’a dit : « Donnez à César (les impôts)… et à Dieu (la dîme et les offrandes) » (Luc 20 :25).

La dîme n’exclut pas les offrandes spéciales, pour tel ou tel besoin urgent (humanitaire souvent).

Ensuite, le mot corbeille nous fait penser à la multiplication des pains ! Notons dans cet événement miraculeux (réalisée deux fois) trois choses :

- Jésus et les disciples sont devant une grande foule de familles entières, enfants compris ;

- Les disciples n’ont que quelques pains et poissons ;

- tout le monde repart rassasié et comblé.

Lorsque nous venons au culte, nous apportons notre présence et Celle qui est en nous. Ce sont nos fruits - la présence du Saint-Esprit (et ses dons), de même notre dîme et nos offrandes. Ce sont nos pains et nos poissons.

Souvent l’on vient à l’église pour recevoir, pour être béni. On attend tout du pasteur et de l’église, alors que c’est à chacun de donner. C’est justement pour donner que nous y allons ! Et forcément, l’on reçoit.

Il n’y a pas d’église parfaite, mais nous portons tous en nous quelque chose de parfait et d’incorruptible, quelque chose qui contribuera au miracle. Nous devons apporter « notre corbeille » !…

Cette attitude de coeur change tout car Dieu pourra faire le miracle de la multiplication : cela intensifiera la louange, remplira la salle de la présence et de la gloire de Dieu, amènera les non-croyants... Le but sera atteint, Dieu sera honoré et nous serons remplis de Lui, édifiés, consolés, guéris parfois…

 

L’amour fraternel

Nous devons prier pour savoir dans quelle église Dieu nous veut (si l’on a changé de ville et si l’on n’est plus dans son assemblée d’origine). En Israël, nous savons que nous sommes à notre place dans notre assemblée rue Narkis à Jérusalem (samedi 11h).

Vivre la communion fraternelle ne se vit pas à la maison en famille, elle se vit là où les frères et sœurs se rassemblent. Et la spécificité d’une église est qu’elle rassemble des gens de tous les milieux sociaux et de tous les caractères ! Or Dieu veut que nous vivions la communion fraternelle, celle qui nous fait aimer des gens qu’on n’aime pas forcément, qui diffèrent de notre éducation et de notre culture ! C’est là où Dieu teste et aiguise notre amour ! C’est facile d’aimer ses propres amis, c’est plus difficile d’aimer des gens différents de nous.

Jean 15:12 « C’est ici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés »

1 Pierre 1:22 « Ayant purifié vos âmes en obéissant à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère, aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur »

Jean 13 :35 : « A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres »

 

Apprendre à craindre Dieu

Deut 14 :23 « Et tu mangeras devant l’Eternel, ton Dieu, dans le lieu qu’il choisira pour y faire résider son nom, la dîme de ton blé, de ton moût et de ton huile, et les premiers-nés de ton gros et de ton menu bétail, afin que tu apprennes à craindre toujours l’Eternel, ton Dieu ».

Etonnant cette remarque ! L’on vient se réjouir en mangeant à Jérusalem (notamment aux fêtes de l’Eternel), et l’on apprend à craindre Dieu.

Oui, je crois réellement que posséder ce sens des responsabilités - apporter la présence de Dieu (en nous), donner la dîme et offrandes, manifester le fruit et les dons de l’Esprit - nous amenera à une plus grande crainte de l'Eternel.

Il y a dans l’Eglise d’aujourd’hui une absence de la crainte de Dieu ! Jésus est devenu un copain, et l’Eglise a perdu la notion du Père, du Dieu d’Israël qui tonne, qui rugit, qui manifeste sa force. Le Messie qui vient manifestera ce caractère, si on lit bien Apo 19 :11-16.

« Le fruit de l’humilité et de la crainte de l’Eternel, c’est la richesse, la gloire et la vie » (Prov 22 :4)

Apportons donc ce fruit de la crainte de l’Eternel dans notre corbeille ! Enseignons cette crainte à nos enfants, et ils ne deviendront pas « rebelles à leurs parents » (2 Tim 3 :2). L’on parle beaucoup de la liberté du Saint-Esprit, mais cette liberté n’exclut surtout pas la crainte de l’Eternel et la sanctification « sans laquelle nul ne verra Dieu » (Héb 14 :12).

 

Conclusion

En écrivant ce texte, nous sommes conscients de la situation dramatique de beaucoup de chrétiens qui s’éloignent de l’Eglise parce qu’ils sont déçus, qu’ils ne reçoivent pas l’enseignement qu’ils espèrent, que l’église est morte, etc…

Mais ce texte de parasha Ki tavo nous laisse espérer ! Commençons à mettre en pratique ces quelques notions, car nous avons souvent une fausse idée de l’église et du culte – ne soyons pas des consommateurs mais des acteurs de la foi ! Pour le reste, prions ! Dieu a une solution pour que nous vivions ce temps d’église et que nous soyons bénis, car c’est Sa volonté !

Le 6 sept 2015 - GF

(1) N’oublions pas que Jésus lui-même (Luc 4 :16),  pratiquait la lecture de la parasha, de même les disciples. 

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