Les temps de la fin – l’Heure du choix

Publié le par Pasteur Gerald FRUHINSHOLZ

La Bible dit que si nous n’avons pas de vision, nous sommes comme perdus dans le désert (Prov 29 :18), et nous n’allons nulle part. Je crois précisément que, pour les derniers temps que nous vivons, nous devons avoir une claire vision, une juste appréciation des événements prophétiques… sous peine de tomber dans la confusion. Il y a le calendrier de Dieu, et il serait fou de ne pas le discerner. C’est ce que Jésus reprochait aux pharisiens : « Vous savez discerner l’aspect du ciel, et vous ne pouvez discerner les signes des temps » - Mt 16 :3. 

Avons-nous une idée sur ce que signifient ces trois courants de pensée concernant le Millenium ?... Somme-nous pré-millénaristes, post-millénaristes ou a-millénaristes ?... C’est important d’avoir une conviction, cela détermine notre pensée, notre attitude et nos prières ! Et il est essentiel d’être en harmonie avec le cœur de Dieu.

 

Israël, l’Horloge de Dieu

Beaucoup s’accordent pour dire qu’Israël est l’Horloge divine, et que le retour d’Israël sur la scène internationale est la dernière étape du projet de Dieu en faveur de l’humanité, avant la venue du Messie. Les évangélistes précisent ce qu’a dit Jésus pour la fin des temps (Mat 24, Marc 13, Luc 21) : « Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres, et que les feuilles poussent, vous connaissez que l’été est proche. De même, quand vous verrez ces choses arriver, sachez que le Fils de l’homme est proche, à la porte ».

Or, nous savons que le figuier est le symbole d’Israël. Sa « résurrection » après 2000 ans d’effacement, et de presque disparition au travers de la shoah, répond parfaitement aux prophéties bibliques. « Une nation peut-il naître en un jour ? » - Esaïe 66 :8. - Oui, selon le plan divin. Réalisons que la date de mai 1948, date de la restauration d’Israël, survient juste trois ans après Auschwitz… Ne voit-on pas là l’accomplissement de « la vision des os desséchés », d’Ezéchiel 37 ?

Avec le retour des enfants d’Israël des extrémités de la terre, avec Jérusalem de nouveau capitale de l’Etat hébreu, et avec – ce que nous voyons aujourd’hui même - la confrontation de cette même nation avec le reste du monde (Zach 12 :3), il est clair que nous sommes dans le temps auquel le Seigneur faisait allusion. Le figuier/Israël reverdit, il ne porte pas encore de fruits, mais le temps de la moisson arrive – ce temps sera celui d’un Israël renouvelé dans l’Esprit, découvrant son Messie, .

 

Définitions millénaristes

Apocalypse 20 nous parle du Millenium – une période de « mille ans » (mentionnée 6 fois). Durant ces mille ans, satan est lié et ne peut plus séduire les nations. Il est dit d’autre part que les martyrs et les croyants qui n’ont pas fléchi le genou devant la Bête règnent « avec Christ ». Trois interprétations sont données du Millenium :

  1. 1 - La plus ancienne est appelée « millénarisme » (ou chiliasme[1]), ou prémillénarisme, car la venue du Messie ou le retour du Seigneur précèdera le Millenium, l’ère messianique.
  2. 2 - Le postmillénarisme montre que Christ doit revenir après que les chrétiens (l’Eglise) aient établi le Royaume sur cette terre. Le diable est alors enchaîné[2] ( !).
  3. 3 - L’amillénarisme, (« a » privatif) enseigne que le royaume de Dieu ne sera pas établi physiquement sur terre. Cette théologie estime que le « millénium » a déjà débuté et qu'il colle à la dispensation de l'Église. Le règne du Christ au cours du millénium est spirituel. La seconde venue de Christ sera celle du jugement dernier.

 

Jean Delumeau[3], historien spécialiste du Christianisme, dans son ouvrage « Une traversée du millénarisme occidental » raconte l’histoire du Millénarisme. Voici quelques extraits :

« […] Parmi les millénaristes chrétiens des premiers siècles, on trouve Papias (début IIe siècle), évêque de Hiérapolis, qui avait été un auditeur de saint Jean, saint Justin (martyrisé à Rome vers 165), saint Irénée, évêque de Lyon (mort en 208), Tertullien (mort en 222) et, après la « Paix de l’Église », le grand écrivain Lactance (mort en 222). […] Que le millénarisme ait été alors une doctrine quasiment officielle, nous est révélé par cette déclaration de Justin : « Pour moi et pour les chrétiens d’orthodoxie intégrale, tant qu’ils sont, nous savons qu’une résurrection de la chair arrivera pendant mille ans dans Jérusalem rebâtie, décorée et agrandie, comme les prophètes Ezéchiel, Isaïe et les autres l’affirment ».

Pour saint Irénée, la Jérusalem renouvelée du millenium préparera la Jérusalem définitive du ciel, mais ne se confondra pas avec elle. « Ces événements, assure l’évêque de Lyon, ne sauraient se situer dans des lieux supra-célestes [...] mais ils se produiront au temps du royaume, la terre ayant été renouvelée par le Seigneur et Jérusalem reconstruite à l’image de la Jérusalem céleste ». Ainsi la première préparera la seconde.

Saint Augustin est celui qui a le plus contribué à faire reculer la croyance millénariste, à laquelle il avait pourtant d’abord adhéré. Il se refusa à cautionner des perspectives d’avenir qui lui parurent plus charnelles que spirituelles. Il proposa donc une lecture symbolique de l’Apocalypse et enseigna que l’incarnation du Christ a fait commencer les mille ans de son règne terrestre qui sera directement suivi du jugement dernier et de l’avènement de la cité céleste. Il n’y a pas à attendre une période intermédiaire. Les instances officielles de l’Église entérinèrent désormais l’interprétation de l’Apocalypse donnée par saint Augustin. Le millénarisme fut marginalisé » [..].

Les Catholiques ont naturellement suivi St Augustin : le Pape est le « vicaire de Christ », le représentant de Christ ; dans cette pensée, l’Eglise depuis 2000 ans incarne le Millenium, elle est le « royaume de Dieu » sur terre. Le retour de Christ ne se fait que pour le Jugement dernier. St Augustin affirmait que la dispersion des Juifs était la conséquence d'une punition divine pour avoir rejeté Jésus. L'Église devient dans cette perspective le nouvel Israël (verus Israel), l'Israël selon l'esprit par opposition à l'Israël selon la chair. Portée à son plus haut degré, cette théorie affirme que les promesses faites par Dieu à Abraham, de même que les prophéties, s'adressent à l'Église et non au peuple juif (= théologie du remplacement, et cause de l’antisémitisme chrétien).

Les Protestants, Calvin et Luther, ne dérogeront pas à cette théologie, ils adopteront la pensée augustinienne. Seuls des protestants minoritaires qualifiés de « radicaux » seront millénaristes.

 

Renouveau du Prémillénarisme

C’est au 19e siècle que le mouvement « prémillénariste » est reparu, notamment avec le prédicateur protestant anglo-irlandais John Nelson Darby (1800-1882), et avec la Bible Scofield, du nom du pasteur Cyrus Scofield (1843-1921). Les notes de Scofield enseignent le Dispensationalisme[4], une théologie conçue en partie au début du XIXe siècle par Darby.

Il est crucial de nous conformer aux Ecritures. Les disciples attendaient ardemment les « derniers jours », et Matthieu 24 précise leurs questions sur l’Avènement de la venue du Messie (Mat 24 :3, 30-31). Cette attente d’un règne messianique sur la terre était fortement ancrée dans la pensée juive, et donc chez les disciples : « Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » (Ac 1 :6). L’ange Gabriel dira à propos de Jésus : « Il sera grand et sera appelé Fils du Très-Haut, et Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura pas de fin »- Luc 1 :32-33 ; les mille ans peuvent en effet être un chiffre symbolique, un temps indéfini. Enfin, lorsque nous prions le Notre Père - « Que ton règne vienne, sur la terre comme au ciel » - nous disons appeler Son règne.

 

Israël, la clé de la compréhension

Dans les deux interprétations théologies amillénaristes et postmillénaristes, le point commun est que l’Eglise n’a pas besoin d’Israël ! Pour l’amillénariste, l’accent est mis sur l’Enlèvement : l’Eglise est enlevée au ciel pour vivre le royaume de Dieu. L’Eglise ayant remplacé Israël, nul n'est besoin d’un Etat juif = l’Israël d’aujourd’hui n’est pas la continuation de l’Israël biblique.

Pour le postmillénariste, le monde doit devenir chaque jour meilleur (!), et l’humanité sera christianisée. Après cela, Christ revient… comme la cerise sur le gâteau. Comme le souligne Johannes Facius [5] dans son livre « Comme aux jours de Noé », « on ne peut pas christianiser le monde ! Ce sont là des rêveries charismatiques ». Jésus n’a-t-il pas dit : « Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »- Luc 18 :8.

 

Pour finir, je citerais trois points de vue de Protestants de renom :

1 – Le pasteur Charles Westphal, président de la FPF, de 1961 à 1970

« Le mystère d’Israël est inséparable du mystère de l’Eglise, il est notre mystère - le mystère de notre péché et le mystère de notre grâce. Objets de la même révélation, de la même vocation, appelés au même jugement, promis au même Royaume, nous ne serons pas sauvés, au dernier jour, les uns sans les autres ».

Cette déclaration démontre l’importance d’Israël, ce qui laisse penser que le pasteur Westphal était prémillénariste.

2 – Le sociologue et théologien Jacques Ellul (1912-1994)

« Les chrétiens ne doivent jamais oublier que c’est grâce aux Juifs qu’ils sont aimés de Dieu. Ils sont alors appelés à aimer ces Juifs, à les porter dans leur cœur, à les aider. Ainsi, Israël doit toujours être au centre de la théologie chrétienne ».

3 - Le Professeur Lamorte sur le Millénarisme (1896-1980)

Le professeur et doyen de la Faculté de Aix-en-Provence André Lamorte a écrit ce qui suit :

« ATTENTION ! DANGER ! Que les croyants prennent garde ! Le courant a-millénariste constitue pour eux, aujourd'hui, un grave danger. Si Israël n'a plus aucun avenir, si nous devons le considérer comme définitivement rejeté par Dieu quant à sa destinée et à sa vocation... si nous devons attribuer à l'Eglise par le jeu d'une exégèse symbolique, les prophéties de l'Ancien Testament concernant le peuple de Dieu... si nous devons renoncer à donner aux termes du texte biblique leur valeur propre... si le Royaume du Messie sur la terre doit être regardé désormais comme une pure conception de l'esprit :

  • - alors, le plan de Dieu dans l'histoire aboutirait à un lamentable échec. Et ce ne sont pas les proclamations d'une Seigneurie purement spirituelle du Christ, d'un règne purement intérieur ou du seul royaume céleste qui convaincront le monde de la réalité de cette Seigneurie.
  • - alors, je devrais renoncer à comprendre le sens de l'Ancien Testament et de l'épître aux Romains quant à Israël, et je devrais renoncer à comprendre le sens du Nouveau Testament quant à l'Eglise - son origine, sa vocation et sa destinée. La prière de l'Esprit et de l'Eglise ne signifierait plus rien pour moi, et la Bible qu'il me faudrait interpréter jusqu'à lui faire dire le contraire de ce qu'elle dit, ne serait plus pour moi l'Ecriture pleinement inspirée.

Il est urgent pour l’Eglise, pour chacun de nous, de nous positionner sur ce sujet touchant la fin des temps. Collaborer avec Dieu, saisir ce qui est sur son cœur, est primordial.

C’est maintenant l’Heure du choix…

GF – 9 avril 2014


[1] Les Chiliastes (de chilion, mille) du 1er siècle étaient un peu extrémistes, c’est ce qui aurait effrayé St Augustin. Ils préconisaient en effet un millénaire avec Christ, fait de bombances et de beuveries.

[2] Il est difficile de croire que durant le « règne » de l’Eglise, satan soit lié, vu les siècles de guerre et de massacres, même entre chrétiens : « Nous savons que le monde entier est sous la puissance du malin » - 1Jn 5 :19.

[3] Jean Delumeau a également écrit à propos du pasteur protestant Jurieu (exilé en Hollande) sous le titre : « Jurieu, l’accomplissement des Prophéties ». Ce huguenot français figure parmi les grands du Sionisme chrétien du 17e siècle.  

[4] Le Dispensationalisme insiste sur les distinctions entre l'Église du NT et l'ancien Israël de l’AT. Scofield croyait qu'entre la Création et le jugement final, il y avait sept domaines dans lesquels Dieu traite avec l'homme et que ces domaines sont un cadre à travers lequel le message de la Bible peut être expliqué. Ce fut largement à travers l'influence des notes de Scofield que le dispensationalisme est devenu influent parmi les chrétiens fondamentalistes aux États-Unis - aujourd’hui quelques 40 millions de chrétiens, que l’on peut également qualifier de « sionistes ». 

[5] Livre préfacé par Derek Prince. Johannes Facius est Coordinateur des Intercesseurs sur le plan international, à l’origine du mouvement de prière dans plus de 40 pays. 

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